Chapitre 6

Chapitre 6 : Le voyage.

« Quoi ?! Tu lui en as parlée ?! Pourquoi ?!, s'exclama Odin.
- Je suis désolée, c'était il y a 9 ans, peut-être qu'elle l'aura déjà oublié..., s'excusa Frigga.
- C'est ça, et les béhémots ont des ailes ! Je vais aller la chercher ! ».

Le soleil commençait à se pointer par-delà l'horizon. On voyait ses quelques rayons au dessus des montagnes. Le ciel était d'un dégradé allant du violet au bleu azur. C'était l'aube.
Dans la neige et le froid, Fenrir marchait, traînant son cheval qui refusait d'avancer.
« Allez, bouge espèce de mulet ! ».
Le cheval gémissait et se battait pour ne pas avancer. Fenrir soupira. Elle lâcha les rennes et se posa sur un rocher enneigé.
« Pourquoi suis-je partie d'Asgard avec une cruche pareille comme destrier... ? ».
Le cheval, indigné, piaffa sur la déesse. Et lui tourna le dos en fouetta l'air de sa queue.
Fenrir se releva et reprit la marche en s'adressant au cheval.
« Puisque c'est ainsi, je vais y aller sans toi. Démerde-toi pour rentrer ! », tança-t-elle.
Comme pour acquiescer, le cheval marcha dans la direction inverse.
Un hurlement retentit soudainement au loin et la brume se leva. Le cheval, prit de peur, fit demi-tour pour vite rejoindre la jeune femme. Cette dernière réprimanda un sourire avant de lui dire en se moquant.
« Poltron...Tu mériterais mieux d'être un âne qu'un étalon ! ».
Les montagnes ne faisaient plus parties d'Asgard, elle était donc en dehors, des créatures étaient tapies de partout dans ces montagnes. De la plus petite à la plus effrayante. Enfin, elle ne s'en souciait guère, elle allait affronter un serpent aussi grand qu'un Royaume tout entier...
Ses montagnes reliaient les autres Royaumes. Si on devait les raser, on tomberait directement sur une des racines principales d'Yggdrasil. C'est pour ça que certains les nommaient ''Montagnes Elémentaires''. Elles étaient à multiples températures, pouvant  aller de -40 à 50°C. Des montagnes de glace et des volcans en activité, c'était impressionnant à traverser avant de déboucher sur la Mer Invisible. Mais Fenrir était encore loin de cette mer, surtout qu'elle venait à peine de commencer qu'elle rencontrerait déjà certains problèmes. A commencer par la brume.
« Bon, maintenant que tu m'as l'air motivé pour avancer, allons-y. », déclara la déesse en montant sur le cheval.
Ils avancèrent doucement, tout droit. La marche aura durée de longues heures à supporter la tempête de neige et le froid avant d'arriver prêt d'un volcan. L'air se réchauffait petit à petit. Fenrir était rassurée. Ça n'aura pas duré longtemps ; elle sentit comme un mauvais présage. Le cheval s'arrêta net et refusa d'avancer. Inquiet, il scrutait les alentours, tant bien que mal à cause de la brume qui était encore là. Fenrir regardait à droite-à-gauche. Elle mit pied à terre. Elle entendait des grognements. Sans réfléchir, elle sortit sa lame et resta immobile.
Les grognements s'intensifiaient et des ombres firent peu à peu leur apparition à travers la brume. Elle se rapprocha de son cheval et continuait de les regarder attentivement, lame à la main. Elle  tourna la tête et pût alors remarquer qu'ils étaient encerclés.
Les ombres étaient proches et s'étaient arrêtées. Elles grognaient. Fenrir avait du mal à voir à travers la brume mais elle se doutait que ces créatures voyaient très bien. Question d'habitude...
Ils restèrent tous ainsi pendant 2 longues minutes.
Fenrir n'avait pas prévu de tomber sur un ennemi dans sa route. Elle voulait économiser ses forces pour Jormungand. Elle finit par en avoir marre de cette longue attente et se mit à crier.
« Bon alors, on attend le réveillon ou quoi ?! ».
Sur ces mots, les ombres se mirent à aboyer et bondirent tous en même temps sur leurs prisonniers. Fenrir se mit à reculer et, d'un coup de lame, asséna l'un des assaillants. Le cheval se mit à hennir avant d'essayer de prendre la fuite. Ils étaient 3 à 4 sur l'étalon. Tous lui bondirent dessus, l'air affamés.
Fenrir tomba sous le poids d'une des bestioles.  Elle pût alors les discerner correctement.
Des sortes de hyènes avec 4 rangées d'yeux. Elles avaient 2 mâchoires, 6 pattes et poussaient des aboiements stridents.
Trois autres vinrent aider leur camarade à attaquer Fenrir. Ils étaient 9.
La jeune femme entendait le cheval se démenant pour se libérer de l'étreinte de ces bêtes.
Elle était, elle aussi, bien embêtée pour se libérer.
L'une d'elles avait arraché la lame des mains de Fenrir avant de mourir, suite au contact du poison de manticore.
La déesse était bloquée et ne pouvait plus bouger avec tous ces poids sur elle.
Tout était allé si vite qu'elle n'avait pas eu le temps de réagir. Ces créatures essayaient de lui mordre la chair en arrachant les armures de leurs 2 mâchoires imposantes. Mais elles n'eurent pas même le temps de les rouiller que Fenrir, du pouvoir des ombres, les fit voler à 2 mètres d'elle. Elle reprit sa lame et, en poussant un cri de guerre, se rua à toute vitesse sur une des créatures s'en prenant au cheval.
Elle lança sa lame vers ce dernier qui était en panique totale ; il tournait en rond tout en galopant et se cabrait avant même de tomber en arrière. La lame arriva à pleine vitesse et vint se planter sur une des bêtes. Elle se mit à lâcher prise et à gueuler avant de s'effondrer dans la neige, inerte.
Fenrir n'attendit pas plus longtemps avant de se dépêcher de reprendre sa lame. Elle voulût refaire la même chose mais les trois bêtes précédentes qui l'avaient entravée arrivaient par derrière en courant et en feulant.
Fenrir fit volte-face avec sa lame avant de les tuer toutes les trois d'une rapidité extrême.
Elle pivota une nouvelle fois vers le cheval avant de relancer sa lame. Elle manqua sa cible ; le cheval était trop rapide dans ses gestes.
« Merde ! ».
La lame n'était pas un bon moyen pour tuer ces bêtes et calmer le cheval en furie. Il était temps de passer à la vitesse supérieure.
Elle se mit à courir vers les canidés et se transforma en loup dans sa course. Elle accéléra avec ses longues pattes endurantes puis bondit à son tour sur le cheval.
Ce dernier partit en ligne droite, en plein galop, assené de coups de morsures de la part des canidés qui étaient sur son arrière-train. Fenrir le suivait de prêt, essayant de le libérer de l'étreinte des hyènes en voulant les prendre par les crocs et les dégager de l'arrière-train de l'étalon. Elle manqua deux fois sa cible et se prit en retour deux coups de sabots et un coup de griffe dans l'oeil gauche.
Les hyènes ne comptaient pas lâcher prise et se défendaient. Fenrir trébucha sur un rocher, ce qui la fit ralentir. Elle remarqua alors qu'on cherchait à l'attaquer, elle aussi. D'autres canidés étaient à sa course, et ils étaient plus nombreux, cette fois.
C'est pas vrai, ça ne va jamais se terminer ?!
Elle reprit de l'accélération et rattrapa le cheval. Ce dernier gémissait de douleur et ralentissait petit à petit, suite à la douleur.
Une rage profonde envahît soudainement Fenrir. Elle s'arrêta de courir et se retourna contre ses autres poursuivants. Une aura ténébreuse l'envahit et elle poussa un horrible hurlement, invoquant une sorte de vague des ténèbres, qui vint s'écraser sur les hyènes. Elles poussèrent des cris de surprise et de terreur avant de trébucher comme des dominos pour enfin s'écraser au sol. Certaines étaient mortes, d'autres paralysées. On pourrait même dire de terreur.
Fenrir resta immobile quelques secondes. Elle venait d'utiliser un sort qu'elle n'avait jamais fait auparavant. Le cri de la Banshee. Elle n'en croyait pas ses yeux. Mais il n'était pas le moment de bâiller aux corbeaux. Elle refît demi-tour et chercha son cheval du regard. Plus un bruit, plus un cri, plus rien. Pas même un bruit de sabot. Elle l'avait perdu et la brume l'empêchait de voir correctement. Elle avait une vue parfaite la nuit mais dans la brume, c'était une autre histoire. Elle ne pouvait pas rester là, le danger était partout. Elle décida donc d'abandonner son cheval et poursuivit sa route en louve, se méfiant de la moindre créature s'avérant dangereuse.
Elle se rapprochait de plus en plus du volcan et l'air se réchauffait. Il n'y avait plus de neige mais de la roche chaude. Heureusement que les coussinets de ses pattes la protégeaient de la brûlure. La brume disparue, laissant place à la fumée. Le ciel était couvert de nuages gris et on avait l'impression qu'il pleuvait des cendres. La déesse était émerveillée. Ce paysage était si magnifique que même le plus grand des écrivains ne saurait le décrire. Fenrir se crût à Saraheim, Royaume des volcans et du désert. Un rugissement retentit dans le ciel. Un phénix. La créature la plus rare qui soit. Il existait plusieurs sortes de phénix. Le plus commun, celui du feu, qui renaît après sa mort dans ses cendres. Ensuite, celui de la glace, qui ne renaît pas mais tue les personnes alentours au moment de sa mort en projetant un air glacial de -1200°C. Il existerait aussi, selon les légendes, le phénix primordial, celui qui assure l'équilibre de toutes les magies.
Fenrir commençait à se brûler les pattes en avançant, la chaleur était trop forte. Elle voulut suivre le phénix mais c'était impossible. Il se dirigeait en planant vers le volcan, et il était loin. Elle abandonna l'idée de le suivre et reprit son chemin.
Un peu plus loin, il y avait un champ de lave. Des geysers de feu sortaient de partout. Il était très risqué de vouloir traverser. Fenrir y laisserait ses os, et elle le savait. Il fallait y passer en vol uniquement. Elle repensa alors au phénix qu'elle avait vu se diriger vers le volcan. Ils devaient tous nicher là-haut, d'autant que personne n'a osé pénétrer un volcan en activité. Les risques d'éruptions étaient trop grands. C'est peut-être pour cela que rares sont ceux ayant eu l'occasion de voir un phénix. Elle fit demi-tour et se fraya un passage vers le volcan. Il faisait très chaud et la soif gagnait la déesse. Son cheval avait disparu avec les réserves pour le voyage.
Quelle imbécile...
Les pentes étaient rudes et brûlantes. Mais Fenrir n'avait pas le choix, elle devait les franchir. Avant tant de mal que de bien, elle escalada en plantant ses griffes dans le sol chaud pour éviter de glisser. Il y avait des petites coulées de laves et le sol était rouge. Des cadavres de diverses créatures gisaient ici-et-là. Fenrir reconnût le cadavre d'un béhémot. Une créature mastodonte pareille s'est faite cramée sur place, d'un côté, elle n'était pas habituée à avoir chaud mais Fenrir devait rester vigilante si elle ne voulait pas finir comme lui. Une secousse retentit soudainement. Fenrir n'eût que le temps de s'agripper à un rocher avec ses griffes. Elle sentait une grande vague de chaleur émerger depuis le volcan. Il allait entrer en éruption. Il fallait qu'elle se dépêche d'atteindre le sommet et de trouver un destrier ailé pour franchir cet enfer. Elle accéléra sa montée et se mit à courir. Il n'était plus question d'éviter de glisser mais d'éviter d'être brûlée. Une fumée sortait du volcan avec des milliers de cendres flamboyants. Il pleuvait des petites étincelles. C'était beau, mais mortel. La déesse atteignît finalement le sommet et volcan. La fumée était partout et masquait la vue, mais moins que la brume. Des rivières de lave entouraient le sommet et sortaient en geysers du cœur du Volcan. L'éruption était proche. Fenrir entendait des cris strident depuis le cœur. Elle regarda dans le  creux et vit alors une foule de rapaces enflammés. Il y avait des nids de partout avec des oeufs et le vacarme était assourdissant. C'était comme sur une banquise de manchots mais avec des phénix dans un volcan. Impressionnant. Ces oiseaux n'étaient pas du tout dérangés par la fumée ou la lave. Ils ne devaient donc pas connaître la soif. Fenrir les enviait. Il fallait qu'elle réfléchisse à comment en monter un. Surtout que ces oiseaux pouvaient devenir des boules de feu. Sauf qu'il n'était plus vraiment le temps de réfléchir, le sol tremblait et la lave montait. Fenrir n'avait pas le choix, elle devait sauter, espérant atterrir sur un de ces phénix.
Avec des longues pattes, elle prit son élan en forme de loups en bondit dans le volcan. Des cendres venaient se frotter contre sa fourrure et la brûlaient. Elle poussa un petit cri avant d'atterrir dans un nid, à 3 mètres de la lave, qui montait rapidement. Les œufs de phénix n'étaient pas rien. Ils faisaient 2 mètre de haut. Tout simplement car le phénix qui naissait était déjà adulte. Avant que Fenrir ne puisse agir, un cri retentit. Un phénix, qui devait probablement être un des parents de l'oeuf, fonça en pique sur elle. Fenrir n'eût que le temps de s'abaisser pour esquiver. Le phénix fonça droit dans la parois rocheuse. La déesse ne perdit pas son temps, elle bondit sur le dos du phénix, encore groggy et prit sa forme humaine. Ce dernier poussa un cri et commença à enflammer les plumes de son corps. Mauvaise idée, si Fenrir restait sur lui, elle serait brûlée. Elle reprit sa forme de loup et descendit hâtivement du rapace géant. Ce dernier, tout en feu, poussa un cri et s'envola vers les cieux. Fenrir eût loupé son coup. Pas d'autre choix que de recommencer avec un autre, c'était sa seule chance de survie. Elle bondit donc de nid en nid afin d'essayer sur les autres phénix. Les efforts étaient vains, aucun d'eux ne se laissait faire.
La lave était maintenant qu'à un mètre qu'elle. Désespérée, elle leva sa tête vers le ciel et cria , comme pour elle-même.
« Diantre, pourquoi donc suis-je venue ici ?! Suis-je maudite ?! Odin souhaitait-il donc ma mort, lui qui a toujours été bizarre avec moi ?! ».
En guise de réponse, une autre secousse retentît, plus forte cette fois. Et elle ne s'arrêtait pas. La lave se mettait à bouillir, formant des grosses bulles et des geysers. Il n'y avait plus aucun moyen de fuite. Tous les phénix étaient partis, laissant leurs nids et leurs œufs.
Un œuf ,soudain, se mit à craquer dans le nid où était Fenrir. Cette dernière se retourna brusquement, surprise. Elle le regarda éclore. Il y naît alors un phénix, déjà adulte. Ce dernier, à la vue de la jeune femme, ne montra aucune agressivité. Il se mit à la regarder de ses yeux flamboyants. Fenrir était surprise. Il était dit que la première personne que les phénix voyaient au moment de leur naissance étaient considérée comme leur mère. C'était l'occasion rêvée pour la guerrière de s'envoler avec lui. Elle ne se fît pas prier. Elle s'avança prudemment. Le phénix ne lui disait rien. Elle fonça donc. Elle grimpa sur lui et s'accrocha à ses plumes flamboyantes. Elle craignait qu'il s'enflamme. Mais rien de tout cela.
Avant que la lave n'atteigne le nid, elle ordonna au phénix de s'envoler.
« Vole, vite ! ».
Sur demande, il prit son envol, et pas légèrement. Il piqua un sprint avec ses grandes ailes majestueuses avant de retomber aussitôt. Un nouveau-né ne savait pas voler. Il fallait donc qu'il apprenne. Tout de même, l'oiseau réussit à escalader la paroi rocheuse avant d'émerger du volcan. Une secousse finale retentit et la lave monta en vitesse.
Le phénix n'eût que le temps de s'envoler avant que la lave n'émerge du volcan à son tour. Dans les premiers temps, il essayait de garder l'équilibre dans son envol et faillit atterrir 2 fois. Mais finalement, il avait réussi à voler correctement, ce qui permit à Fenrir de traverser le volcan et d'atteindre en quelques minutes l'autre bout du champ de lave.
C'est tellement plus facile en volant...
Continuer son voyage en vol aurait été super, mais la jeune femme ignorait les risques et dangers qui l'attendaient après. Il valait mieux éviter de voyager avec un phénix. Elle remercia ce dernier avant qu'il reprenne son envol vers le volcan rejoindre les autres. Fenrir a quitté l'étendue du volcan, elle voyait qu'il y avait encore un petit chemin à faire sur de la roche chaude avant de déboucher sur une autre montagne. Elle remarquait qu'après cela, il y avait de l'herbe. La déesse se rappela alors qu'elle avait soif. S'il y a de la végétation, il doit forcément il y avoir de l'eau.
Elle continua sa route, laissant le paysage ardent derrière elle.

Depuis le Royaume vide de Malassa, on veillait sur elle.
« Quelle détermination, quel courage... je l'admire.
- Moi aussi. Je pense qu'il est désormais temps d'aller lui parler.
- Dans ce cas, allons-y. Suivez-nous, mes frères. ».