Et me revoilà, encore et toujours pour du Miyazaki. Je pensais faire le sujet dans le week end mais en écoutant pour la énième fois le concert de 2013 de Joe Hisaishi au Budokan pour les 25 ans de Ghibli, et bien j’ai pensé autant le faire ce soir.
Le château de Cagliostro.
Réalisation : Hayao Miyazaki
Scénario : Hayao Miyazaki, Haruya Yamazaki
Sociétés de production : TMS Entertainment
Genre Policier
Sortie 1979
Durée 100 minutes
Histoire.
Wolf est un voleur célèbre et recherché par Interpole. Il est toujours accompagné de son ami Jigen Daisuke. L’histoire commence alors qu’ils viennent de dérober le coffre fort du casino de Monte-Carlo. Les deux amis sont d’abords heureux, jusqu’au moment fatidique où la monnaie se révèle être fausse.
L'intuition de notre héros le mène, lui et Jigen, à la petite principauté de Cagliostro, soupçonnant le comte de Cagliostro d'être à l'origine de la fabrication de cette fausse monnaie. En route ils viennent en aide à une jeune fille (Clarisse) poursuivie par des hommes armés. Ces hommes sont les hommes de main du comte. La jeune fille est en réalité une princesse, elle est capturée et enfermée dans la plus haute tour de l'immense château du méchant comte.
Le comte est cupide et désireux de mettre la main sur un fabuleux trésor venant du fond des âges, dont la princesse détient le secret. Il doit aussi épouser la pauvre princesse. Wolf, lui, mettra tout en œuvre pour libérer la princesse (sans véritablement savoir pourquoi pendant une bonne partie du film), trouver le trésor et révéler au monde entier les activités douteuses du comte de Cagliostro.
Personnages.
Lupin III (Wolf) : voleur et maître du déguisement, il aussi aventurier sur les bords. Intelligent, agile, courageux. Il aussi fou qu’il peut avoir un sang-froid incroyable. Brigand au grand cœur, il fait de son mieux pour venir en aide aux plus faibles. Il aime particulièrement secourir les jeunes femmes pour lesquelles il n'hésite pas à jouer au chevalier servant! Toutefois il est plutôt du genre désinvolte et décontracté.
Daisuke Jigen : ce personnage est inspiré à l'origine par le bandit armé du film de James Coburn : The magnificient Seven. Bras droit et ami de Lupin, Jigen est un expert dans le maniement des armes à feu, réputé en particulier pour ses talents de tireur d'élite. Il est plus sérieux que Wolf, il se méfie des femmes. Cependant le personnage de Clarisse sera l’attendrir un peu.
Clarisse : Clarisse est une jeune princesse qui a perdu ses parents dans un incendie. Elle a été écartée de Cagliostro de nombreuses années pour parfaire son éducation dans un couvent. Au moment où commence le film, elle vient juste de rentrer pour épouser un parent éloigné, le Comte de Cagliostro. C'est un mariage arrangé par le comte, désireux d'unifier les deux branches de la famille. Clarisse est une jeune femme d'apparence fragile mais courageuse.
Le Comte de Cagliostro : un des rares véritables méchants dans l’œuvre de Miyazaki (avec Muska du Château dans le ciel). Ce personnage est raffiné, cultivé mais avide de pouvoir et de richesse et surtout cruel. Comme j'adore toujours plus les méchants que les héros, franchement, j'apprécie beaucoup ce personnage.
Fujiko Mine : une connaissance de Wolf et de Jigen. Jeune femme au fort tempérament, espionne et voleuse, elle s’intéresse aux hommes et à l’argent.
Inspecteur Zenigata : policier d’Interpole et excellent dans son domaine. Il est le meilleur ennemi de Wolf, cependant il n’hésite pas à travailler quand les autorités se révèlent inefficaces.
Un film à replacer dans un projet plus vaste.
Avant de bien présenter ce point, il faut savoir que nous avons ici le tout premier film réalisé par Miyazaki. Il réalise le film, il s’occupe du scénario, il travail aussi sur le design de l’œuvre. On constate que Miyazaki s’implique déjà énormément dans son travail, mais il n’y a rien d’étonnant à cela quand on connaît le personnage.
Mais ne pensez surtout pas que le personnage de Lupin III est une invention de Miyazaki. Bien avant ce film, ce personnage connaît déjà une longue histoire. Imaginé en 1967 par le mangaka Monkey Punch. L’inspiration vient bien entendu du personnage d’Arsène Lupin. D’ailleurs, le personnage de Lupin III est plus ou moins présenté comme le petit-fils d’Arsène Lupin.
Au Japon, le manga (et non le film de Miyazaki) se nomme : Lupin Sansei. La série totalise 14 volumes (1967 – 1972) et une suite nommée Shin Lupin Sansai de 17 volumes (1977 – 1981). D’autres mangas sur les personnages existent aussi, globalement avec des scénarios identiques à celui présenté par l’auteur original.
Dans le manga original on retrouve les personnages présentés pour le film (je ne suis pas certain pour Clarisse par contre, et idem pour le comte).
En plus du manga, on totalise :
- 4 séries animées ;
- 6 films pour le cinéma, dont ce Château de Cagliostro de Miyazaki est le deuxième ;
- 22 téléfilms ;
- 3 OAV.
La pâte de Miyazaki se met en place.
Double défis pour Miyazaki :
- respecter l’état d’esprit du manga ;
- ajouter à la série une touche personnelle.
Miyazaki « invente » l’État princier de Cagliostro par exemple. Si je place le verbe inventer entre des guillemets ce n’est pas pour rien. Miyazaki s’inspire de l’œuvre de l’écrivain Maurice Leblanc, le père d’Arsène Lupin. En 1924, cet auteur français et donc bien de chez nous (vive le camembert), publie un ouvrage intitulé : La Comtesse de Cagliostro. Dans ce roman, on découvre une certaine Clarisse. Une suite complète ce roman : La Revanche de Cagliostro.
Le château du comte dans le film est une pure création de Miyazaki. Miyazaki jongle sur deux aspects que l’on retrouve par la suite dans l’ensemble de son œuvre : de l’aventure et des moments de pause. L’aventure dans ce film est un savant mélange de pirouettes diverses, les personnages virevoltent avec des éléments humoristiques qui viennent se greffer par-dessus pour apporter un petit côté rafraîchissant. Les instants d’aventure comme les pauses, tous les deux ont un certain charme, certes différents mais qui leur charme respectifs s’accordent à merveille.
Grâce à ce film, qui fait un succès fou 5 ans avant l’ultra méga carton de Nausicaä (histoire de rappeler qu’elle est mon histoire de fiction préférée). Miyazaki obtient une reconnaissance certaine de son talent grâce à ce 1er film, toujours très apprécié au Japon.
Certains personnages peuvent paraître comme des prototypes. Notamment Clarisse. Nous sommes encore loin des personnages féminins au fort tempérament que l’on retrouvera par la suite (Nausicaä, Mononoké …). Il est rare de voir un homme comme héros et personnage central chez Miyazaki d’ailleurs, toutefois le rôle des femmes n’est pas à négliger dans ce film.
La pâte de Miyazaki transforme d’ailleurs ce personnage de Lupin III. Dans le manga il s’agit d’un véritable hors-la-loi. Ici nous avons un héros romanesque au grand cœur. Dans le film, le côté voleur de ce cher Lupin III semble plus héroïque que dangereux, le personnage est sympathique.